C’est maintenant le moment !

2023              

APPEL Á COTISATION  ET RENOUVELLEMENT DE VOTRE ADHÉSION

Chers amis, Inscrits et Contributeurs,

La fin du premier trimestre 2013 est le moment de renouveler votre adhésion à l’Association Nationale
des Mémoires du Mont-Valérien et de régler votre cotisation pour le bon fonctionnement et le développement de
nos activités.

Vous êtes invités à prendre connaissance ci-dessous de la carte à remplir et à nous retourner au siège de
l’association : Alain FABER – Mémoires du Mont-Valérien – 9 cours de l’Île Seguin -92100 Boulogne-Billancourt.

Nous vous rappelons que le montant de la cotisation annuelle à été portée à 25,00 €  lors de l’Assemblée générale
du 17 mai 2022.

Nous vous remercions de votre règlement, et vous prions, chers amis,inscrits et contributeurs, d’agréer l’expression
de notre considération distinguée.

 Alain FABER
Président des Mémoires du Mont-Valérien.


Décision du 08 MAI 2022 portant nomination dans la catégorie « Médaille de Reconnaissance et Croix du Mérite » de l’Association Nationale Mémoires du Mont-Valérien « PROMOTION HUBERT GERMAI N »

Par décision du Président de l’Association Nationale Mémoires du Mont-Valérien, sur proposition du Chancelier de l’Association après avoir réuni le comité d’attribution, les décisions de nomination pour la « Promotion Hubert Germain 08 mai 2022 » sont les suivantes et prendront rang à compter de la date de leur réception.

MÉDAILLE DE LA
RECONNAISSANCE

Monsieur Jean-Charles MARCIN

CROIX DU MÉRITE ÉCHELON
« BRONZE »

Monsieur Francis BEGUIN

Monsieur Christophe BOUSSIGNAC

Monsieur Laurent CHOQUET

Monsieur Robert DEMOUGEOT

Monsieur Alain FAGES

Monsieur Alban FREVILLE

Monsieur Corentin FREVILLE

Madame Geneviève GOUGE

Mademoiselle Justine HAUDECOEUR

Monsieur Emmanuel MARTINAGE

Monsieur Didier PATUREAU

Monsieur Roland PICAUD       

Madame Dominique QUEUILLE             

Monsieur Jean-Paul ROCOURT

Monsieur Claude VIRET

Madame Clarisse ZANN

Monsieur André ZANN

CROIX DU MÉRITE ÉCHELON
« ARGENT »

Monsieur Georges ALLARD

Monsieur Jean-François ANIERE

Monsieur Didier BOULONGNE

Madame Michelle GAGNE

Monsieur Pascal HOCQ

Monsieur Alain JOLY

Monsieur Guy-Marie MARTIN

Monsieur Yves-Michel LANGLOIS

Monsieur Guy SPRIET

Monsieur Cyril VERMUS

Monsieur Bernard WENDEN

L’ Association Nationale Mémoires du Mont-Valérien félicite les nouveaux récipiendaires et les encourage à leur développer de leurs actions mémorielles. Félicitions à vous tous.

Patrick OURCEYRE Secrétaire général Éxécutif

MMV INFOS II

PAR LA DÉLÉGATION Auvergne-Rhône-Alpe

DÉLÉGUÉE DÉPARTEMENTALE du RHÔNE – RÉDACTRICE EN CHEF : Andréa LAQUET

RÉDACTEUR ET RÉDACTRICES : Antonin SAMSON – Clémence DETHOOR – Calypso CHOSSON

Les animaux les grands oubliés de la guerre, par Antonin SAMSON, rédacteur de MMV Infos

LE FOX-TERRIER A POIL DUR BEAUTYFUT HONORÉE POUR AVOIR AIDE A LOCALISER LES VICTIMES D’UN RAID AÉRIEN SOUS LES DÉCOMBRES LORSQU’ELLE TRAVAILLAIT AVEC L’ÉQUIPE DE SECOURS DE LA PDSA PENDANT LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE.IL REÇUT LA MÉDAILLE DICKIN LE 12JANVIER 1945

DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE,DES SOLDATS A «QUATRE PATTES» FURENT ENRÔLES DANS DES MISSIONS MILITAIRES. ILS SONT LES GRANDS OUBLIES DE L’HISTOIRE, POURTANT ILS ONT JOUE UN RÔLE ESSENTIEL…

Qu’ont-ils en commun ces chevaux français, ces chiens anglais, ces rennes finlandais, ces dromadaires libyens, ou ces éléphants birmans? Bien malgré eux, ces «soldats à quatre pattes» furent enrôlés de 1939 à 1945 dans de périlleuses missions militaires, en première ligne sous une pluie d’obus ou à l’arrière, comme animaux dévolus au transport des troupes et du matériel.

Les animaux sont partout durant ce conflit majeur de l’Histoire. De la terrasse du Berghof (résidence secondaire d’Hitler) où Hitler prépare l’annexion de la Pologne en compagnie de sa chienne Blondi, en passant par Stalingrad où 51000 chevaux périrent, exténués comme les Hommes par le feu, la faim et le froid glacial. Des lacs finlandais où les rennes et les chiens aidèrent à la guérilla contre les Soviétiques, en allant jusqu’à l’Afrique du Nord où les soldats italiens épuisèrent des dromadaires lestés de 200 litres d’essence. Des plages du débarquement en Normandie et le sacrifice de centaines de moutons utilisés pour faire sauter les mines allemandes, jusqu’à l’Asie et l’utilisation de la force colossale des éléphants afin de dresser des pylônes ou d’aplanir des terrains d’aviation…

Le rôle de nos amis les animaux tend à être de plus en plus reconnu, comme en témoigne la médaille Dickin qui voit le jour en 1943 au Royaume-Uni, destinée à honorer les plus braves des «bêtes de guerre». Jusqu’à la fin du conflit, elle sera décernée pas moins de cinquante-quatre fois. Les héros? Trente-deux pigeons, dix-huit chiens, trois chevaux et un chat. En France, maintenant encore, l’armée de terre recrute, entraine et chouchoute des animaux, soit pour leur utilité directe sur le terrain, soit pour leur statut de mascotte. Au Mont Valérien, à proximité de Paris, il existe encore le plus vieux colombier militaire d’Europe, maintenu essentiellement pour entretenir la tradition. Mais cette «guerre des animaux» en apparence anodine révèle beaucoup de la folie des hommes: à Hiroshima, seuls les cloportes ont survécu.

Antonin SAMSON

Spécial Jeune Lecteur.

Pour agrémanter le texte d’Antonin SAMSON

vous êtes invité à regarder ce dessin animé sur le

chien « STUBBY » un bon moment pour une histoire issue de la réalité de la guerre 14/18.

Stubby

Henri Fertet, entre un destin national et une souffrance familiale, par Clémence Dethoor, rédactrice de MMV Infos

« Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs. » Henri Fertet, prison de la Butte, 26 septembre 1943.

Il avait seize ans lorsque les Allemands lui ont ôté la vie. Né le 27 octobre 1926 à Seloncourt dans le Doubs, Henri Fertet est devenu résistant à partir de 1942. Fils de parents instituteurs à Velotte, quartier de Besançon, il vit une enfance joyeuse. C’est un garçon posé, calme et doux, que la guerre va faire grandir trop vite.

Larnod, village proche de Besançon, été 1942.

Une nouvelle recrue s’ajoute au mouvement de Résistance que mène le jeune Marcel Simon, 21 ans. C’est Henri Fertet, âgé lui, de 15 ans. Un de plus dans ce réseau composé uniquement de jeunes d’une vingtaine d’années, si ce n’est moins, et dont le rôle se concentrait principalement dans le recueillement d’armes qu’ils cachaient ensuite dans l’église du village. Des jeunes, qui refusaient la défaite française. Comme le soulignera plus tard en 1980 la mère de l’un d’entre eux : « Il fallait bien faire quelque chose… On ne pouvait rien leur dire, rien. Ils étaient résistants dans l’âme. »

Henri est un passionné : passionné d’histoire, d’archéologie, de sa terre dont il dessinera plusieurs croquis. De sa France, pour qui il tombera. Un patriotisme dans l’âme, un fervent croyant dans le cœur, une pureté qui force l’admiration, dans une guerre qui pouvait amener tant le meilleur que le pire en chacun d’entre nous.

« Qu’aurais-je fait si je l’avais vécue ? » C’est la question que se pose Jean-Christophe Jacottot, un originaire de Besançon. M. Jacottot connaissait l’histoire de Henri. Son père était élève du père de Henri, et sa tante Mme Monique Verdaux, aujourd’hui décédée, l’élève de Mme Cécile Fertet, la mère de Henri. « J’ai parfois l’impression que le temps s’est arrêté pendant 4 ans. Les gens pour beaucoup, pas tous heureusement, sont devenus sourds et aveugles, comme dans un état de sidération », me dit M. Jacottot. Ce ne fut pas le cas du mouvement de la région de Besançon, qui prendra le nom de Guy Mocquet en 1943 en hommage au jeune résistant communiste homonyme, fusillé deux ans plus tôt. Le mouvement débute par de la récupération d’armes avant d’effectuer des actes plus osés comme les vols de tickets de rationnement, des sabotages -dont celui d’une librairie allemande dans Besançon- ou encore des incendies des fermes de personnes considérées comme étant collaboratrices. Le groupe Guy Mocquet est rejoint en 1943 par le mouvement de Francs-Tireurs et partisans, Marius Vallet. C’est à ce moment-là que le mouvement recrute des jeunes aux alentours de Besançon ; c’est le cas de Henri Fertet. Des Républicains espagnols ayant fui la politique de Franco sont également recrutés, faisant ainsi du mouvement, déjà composé de catholiques et de communistes, un groupe des plus diverses. Le journal « Les Dernières Dépêches » honorait ainsi cet aspect dans le numéro du 17 août 1946 : « [Ils étaient] paysans et citadins, ouvriers et intellectuels, cultivateurs et employés, commerçants industriels, journaliers ou propriétaires (…) de la gauche à la droite, mais unis dans un désir commun d’une France laborieuse et de Français heureux. »

Leur première action massive s’illustre dans la destruction d’une écluse sur le Canal du Rhône au Rhin, en septembre 1942. Les Allemands, qui utilisaient ce canal pour les ravitaillements et qui faisaient descendre leurs vedettes jusqu’en Méditerranée, furent bloqués durant sept semaines.

Henri, désormais connu sous le matricule Emile-702, devient chef d’équipe. Trois faits d’armes peuvent lui être associés, notamment la récupération de munitions et d’explosifs le 15 avril 1943 au Fort de Montfaucon, mais également la destruction d’un pylône électrique à Châteaufarine (quartier de Besançon) le 7 mai de la même année. L’augmentation d’actions de plus en plus violentes entraîne l’arrestation de plusieurs membres du groupe. Le 12 juin, Henri est chargé avec Marcel Reddet de subtiliser des informations nécessaires à leur libération dans les papiers d’un commissaire des douanes allemandes. Mais la situation dégénère, l’arrivée d’un motocycliste allemand les empêche d’accomplir leur mission et Henri se retrouve contraint de tirer sur le soldat des douanes, le blessant mortellement. Après cette journée, les résistants seront poursuivis inlassablement.

Larnod, 3 juillet 1943, 3h30 du matin.

Des voitures allemandes circulent dans les rues de Larnod. L’église s’illumine dans la nuit : le dépôt d’armes a été découvert. Les minutes, les secondes sont comptées. Certains résistants parviennent à s’échapper ; ils rejoindront d’autres groupes de la Résistance. Henri est arrêté chez lui et sa famille, dans l’école de Velotte, et est emmené à la prison de la Butte.

Le maire de Besançon, le préfet, les personnalités vont interférer en faveur des vingt-trois jeunes résistants capturés. La mère d’un des résistants ayant parvenu à s’échapper avoue avec fatalisme : « Ils avaient toujours pensé qu’ils y arriveraient, mais ça n’a pas réussi. »

De leur cellule, l’écho de l’orchestre d’une brasserie voisine, toujours existante aujourd’hui, représente le seul halo de lumière au cœur de l’obscurité froide de la prison. Dans la dernière lettre qu’il adresse à ses parents, le matin de son exécution, Henri écrit : « Vous ne pouvez savoir ce que j’ai moralement souffert dans ma cellule. » Durant ses 87 jours en prison, il se lie d’amitié avec son voisin de cellule, également étudiant, avec qui il communique inlassablement en dépit du mur qui les sépare et des gardes allemands. Il lui racontera ses actes, mais également ses projets : lui qui voulait auparavant voyager, il décidait de devenir prêtre et de rester auprès de sa chère maman qu’il aimait tant. Il lui demandera de parler de lui à ses parents, tâche à laquelle le voisin de cellule, appelé Dufils, ne faillira pas. Dans une lettre que Dufils écrira à la famille Fertet après sa libération, il y décrit une voix « tantôt douce et calme, tantôt ferme et impérative ». La voix d’un jeune résistant qui vacille entre insouciance et gravité, entre l’enfant et l’adulte. Un jeune homme heureux pour ses compagnons de cellules qui recevaient des colis, alors que lui-même en manquait. Dufils aura essayé de lui faire parvenir de la nourriture au moyen d’une corde tendue entre leurs deux fenêtres, sans succès. Le gardien surprendra Henri et le rouera de coups, sans que le jeune homme ne prononce mot.

Bien avant le procès, c’est ce gardien qui prédit à Henri ces mots fatals : « Tu vas être fusillé. » Il jubile. Le douanier tué par Henri, c’était un de ses amis. Henri lui répond : « Être fusillé, mais j’en suis fier ; j’irai au poteau en chantant, et je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je suis content de mourir, j’ai la conscience en paix. Dieu est avec moi. »

Son procès a lieu le 18 septembre 1943, au tribunal militaire allemand de Besançon, la Feldkommandantur 560. Les preuves sont affichées sur la table, accablantes. Les avocats allemands défendent les résistants en les appelant « terroristes » et « francs-tireurs », induisant ainsi qu’ils avaient agi en dehors des lois de la guerre classique. Les peines tombent : sept partiront dans des camps de concentration, les seize autres feront face au peloton d’exécution. C’est le cas de Henri. Bien que la peine de mort soit interdite en France avant la majorité (21 ans), le juge déclarera : « Cette personne n’a que 16 ans mais sa maturité est telle que le tribunal peut réclamer la peine de mort. » Aux juges qui lui demandent s’il souhaite faire recours en grâce, Henri se lève et clame : « Messieurs les Juges, je n’ai plus rien à vous dire. J’ai fait mon devoir, ma famille et ma patrie peuvent être fières de moi. »

De retour dans sa cellule, il raconte tout de même à Dufils son trouble : un résistant qui avait été sous ses ordres, a essayé de lui reporter toute la responsabilité. Qu’il obéissait seulement parce que Henri le menaçait de lui tirer une balle dans la tête s’il refusait. Henri affirme finalement, « Je lui pardonne tout de même », avant de retourner prier, prenant au creux de ses mains une Vierge qu’il avait façonnée grâce à sa maigre pitance de mie de pain.

Quand il raconte son procès à Dufils, il parvient à plaisanter : « Je me suis bien amusé à regarder le crâne rasé du procureur général. » De son avocat, il le décrit comme « très chic » pour lui avoir donné des morceaux de sucre pour le procès (« Je n’en ai pas eu besoin ») et des livres pour apprendre l’allemand en cas de grâce.

Le Maître Kraehling, après le procès, donne la parole à Marcel Simon. Il écrit dans ses notes : « En termes émouvants, il demanda au Tribunal à être exécuté seul, puisqu’il avait entraîné les jeunes, moins responsables que lui. » Marcel Simon déclare « Mes amis, j’ai été votre chef et je ne vous abandonnerai pas. Le Capitaine doit rester sur son vaisseau quand il sombre ». En racontant cet acte, Henri Fertet sourit à Dufils de derrière le mur : « Le Chef a été sublime. »

Dufils est libéré avec pour mission de transmettre l’histoire de Henri à sa famille. Quant à Henri, le 26 septembre 1943, il dispose de quelques minutes avant son exécution pour écrire une dernière lettre à ses parents. Si peu de temps pour tant de choses à dire. Pour dire à quel point il les aimait, qu’il était enfin arrivé au vrai amour filial, qu’il s’excusait de la douleur que sa mort allait leur procurer, qu’il n’avait pas peur de mourir car il était en paix. Il en profite pour régler ses comptes : il faut rendre le livre du Comte de Monte-Cristo à un camarade ainsi que du tabac à un autre, et Hennemann lui doit un paquet de cigarettes.

Il les rassure, « Mon écriture est peut-être tremblée ; mais c’est parce que j’ai un petit crayon », avant de certifier « Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma Patrie ». Fier, la tête haute, il promet à sa mère qu’il chantera Sambre et Meuse « jusqu’au bout ».

Quatre à quatre, les résistants du groupe Guy Mocquet sont fusillés, un « Vive la France » au bord des lèvres et leur patrie ancrée dans leur âme.

Le lendemain, un soldat allemand entre dans le café du « Au Capitole », démoralisé. Il a assisté en tant que sentinelle aux mises à mort de ces jeunes. La tenancière, Mme Renault, témoigne de ses paroles : « Ce sang, tout ce sang, jamais je n’oublierai cela ! » Il raconte que tous, jusqu’aux derniers, n’ont cessé de chanter la Marseillaise et Sambre et Meuse jusqu’au moment où ils sont tombés.

Le journal « Les Dernières Dépêches » publiera un hommage en 1946 : « Ils vivaient parmi nous, comme nous, mais une flamme héroïque brûlait dans leur cœur, et Français de France, Français de chaque jour, ce n’est qu’à la brisure du sacrifice que leur âme se révéla. »

Les jours suivants, la population bisontine n’hésite pas à déposer des fleurs sur la fosse où sont enterrés les résistants, malgré les interdictions des Allemands. C’est le cas également ensuite sur la tombe de Henri Fertet, dans le quartier de Saint-Ferjeux. Une désobéissance civile que M. Jacottot explique par deux raisons, l’une étant pragmatique et l’autre idéologique. Il connaît bien la ville, le quartier de Saint-Ferjeux était un vrai labyrinthe à l’époque, un dédale : « Un Allemand n’aurait pas pu [y] trouver un bisontin ». Ajouté à cela qu’ils agissaient de nuit, les bisontins se jouaient du règlement. En outre, il leur paraissait impensable d’être arrêtés pour avoir simplement déposé des fleurs sur une tombe. Pour beaucoup, Besançon est une terre de Résistance, une ville d’entraide où le refus de l’injustice est gravé dans leurs gènes. Elle ne se souciait guère des engagements politiques des mouvements de Résistance : le groupe Guy Mocquet était gaulliste, communiste… mais il était surtout, selon M. Jacottot, « une union sacrée de personnes ne voulant pas tomber dans l’asservissement ».

La lettre de Henri Fertet prend une portée nationale. Elle est recopiée par des personnes anonymes, publiée dans la presse clandestine dont « Témoignage Chrétien », qui fut la première, mais également lue à la radio de Londres par Maurice Schumann le 9 décembre 1943. La mémoire nationale est immédiate, et un martyrologe est dressé au nom de Henri, parti si jeune, et, indépendamment de lui, devenu un des symboles de la barbarie nazie.

Un martyrologe qui effleure à peine une famille déchiquetée, brisée par la perte d’un fils. En apprenant l’histoire du jeune résistant, le Général De Gaulle écrit à la famille : « Au moment où sonne pour le pays l’heure glorieuse préparée par les meilleurs de ses fils, la France meurtrie mais victorieuse reporte sur Henri Fertet sa gratitude et sa tendresse, en même temps que sa fierté. » Il remet en 1947 la médaille de l’Ordre de la Libération à M. Fertet. Henri reçoit à titre posthume le grade d’aspirant des Forces Françaises de l’Intérieur, la Croix de Guerre 39-45, la médaille de la Résistance, la Croix du Combattant Volontaire, la médaille de la Déportation et de l’Internement pour faits de Résistance. Il est également nommé Chevalier de la Légion d’Honneur ainsi que Compagnon de la Libération. Tant de titres honorifiques et de reconnaissance nationale qui honorent le sacrifice de Henri Fertet. Mais quels discours, quelle gratitude peuvent aider une famille meurtrie à se reconstruire ?

Cette famille qui ne s’est jamais remise de cette tragédie. Jean-Claude Jacottot, qui a été l’élève de M. Fertet en 1952, me raconte : « Il était toujours dans ses pensées. Usé par la tristesse qui l’accablait depuis la mort de son fils. Il fumait cigarettes sur cigarettes. C’était un brave homme mais il était rongé par le chagrin. (…) [Avec Mme Fertet] ils formaient un couple triste à l’écart des autres. » M. Jacottot et son fils discutent. Le premier en vient à la triste conclusion que M. Fertet devait voir dans les enfants de sa classe son aîné. Le fils de M. Jacottot rajoute à mon égard : « Papa m’a toujours dit qu’il était souvent puni, mal vu, sûrement une façon de dire « Pourquoi es-tu là alors que mon fils, ce héros est parti ? » »

Henri Fertet et sa femme Cécile partent à la retraite en 1955. M. Fertet décède peu de temps après. Pierre, le jeune frère de Henri pour qui il vouait une grande admiration, vit en compagnie du fantôme persistant de son frère aîné. Les mots à son propos écrit par Henri dans sa lettre « Il doit se montrer digne de moi » le poursuivent, lancinants dans son esprit. Seul survivant d’une fratrie de trois garçons, un autre étant décédé avant la guerre, il porte la lourde charge que son frère aîné a déposé sur ses épaules.

Le 3 décembre 1980, le journal « L’Express » intitule un de ses articles : « Besançon : tragique histoire et navrants prolongements ». Au matin, Pierre et sa mère se sont donné la mort dans leur voiture au cœur de la forêt de Chailluz à Besançon. Le journal relate les faits à la fois sordides et poignants, résultats d’une longue et lente agonie, d’une vie hantée par le souvenir d’un fils et d’un frère mort pour la patrie, de seize années soufflées en l’espace d’un instant.

Aujourd’hui, que reste-il de Henri Fertet ? La fille de Pierre et nièce de Henri, Mme Myriam Fertet-Boudriot, a décidé en 2013 de léguer au musée de la Résistance de Besançon toute une valise comportant des documents reliés à Henri : 250 photos, 2 ouvrages, 3 dessins, 11 objets dont son portefeuille, une quarantaine de pièces d’archives… Un trésor inestimable pour assurer la pérennité du sacrifice du jeune résistant. Sa lettre, traversant les décennies, est régulièrement lue par les étudiants et lors de la célébration du 75ème anniversaire du Débarquement, le président Emmanuel Macron remet en lumière les phrases rédigées par Henri avant sa dernière marche vers le peloton d’exécution. Des rues, des écoles, des lycées portent son nom, amenant chaque bisontin, selon M. Jacottot, à se demander qui est ce jeune Henri, mort à l’âge de 16 ans. Afin de faire connaître son histoire au plus grand nombre, celui-ci effectue des discours d’hommage lors de commémorations. Il ajoute : « Ce qui m’intéresse c’est ce qu’il reste dans la tête des gens. (…) Il faut témoigner afin de ne pas oublier le sacrifice de certains pour la liberté de tous. Un nom inscrit quelque part, si vous n’avez pas l’histoire derrière, ça ne sert pas à grand-chose. »

Témoigner, raconter l’histoire de Henri Fertet, ce jeune homme dont le souhait était celui « d’une France libre et des Français heureux, (…) une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. », une grandeur d’âme qui refusait le bandeau et les attaches, mais un enfant qui avait encore tant d’années devant lui.

« C’est dur quand même de mourir. »

Clémence Dethoor

Mes plus sincères remerciements à M. Jean-Claude JACOTTOT et son fils M. Jean-Christophe JACOTTOT qui ont tous les deux accepté de témoigner et d’éclaircir l’histoire de Henri Fertet.

La délégation départementale du Rhône pilotée par Andréa LAQUET se distingue dès son entrée en fonction et se voie attribuer la « Médaille de Reconnaissance »

Félicitations à notre Déléguée départementale du Rhônes Andréa LAQUET et à ses collaborateurs, Mesdemoiselle Calypso CHAUSSON, Clémence DETHOOR, et Monsieur Antonin SAMSON, universitaires et brillants futurs historiens pour leurs réalisations et leur très efficaces participations à la vie de cette délagation régionale. Tous seront médaillés de la « Médaille de la Reconnaissance » de l’Association Nationale Mémoires du Mont-Valérien.

Alain FABER

Le 11 novembre, par Calypso Chosson, rédactrice du journal MMV Infos

Cette date nous parle à tous : pour les jeunes, elle est synonyme de jour férié et s’apparente donc à la possibilité de faire une grasse matinée, l’école étant fermée ; pour les anciens, elle renvoie au jour où, il y a maintenant plus d’un siècle, la Première Guerre mondiale a pris fin. Pourtant, l’armistice signé le 11 novembre 1918 « était prévu pour durer 36 jours, puis il a ensuite été renouvelé.

La guerre ne s’est terminée officiellement qu’avec la série de traités de Paix, qui se sont succédés à partir de 1919 ». On lui attribue de facto ce statut puisque, de tous les armistices qui ont été signés pendant cette guerre, celui du 11 novembre demeure le plus
important car il s’agit en réalité du dernier. Toutefois, il convient de rappeler que l’«armistice » désigne un « accord de suspension des hostilités entre deux armées afin de préparer la paix ».

Où l’armistice a-t-il été signé ? Il a été signé dans la voiture 2419D de la Compagnie des wagons-lits, plus communément appelée le « Wagon de l’Armistice ». Cette voiture se situait au carrefour de Rethondes dans la forêt de Compiègne (Oise). Elle a été réquisitionnée par l’armée française en septembre 1918. Elle sera par la suite transformée en wagon-restaurant à l’intérieur du wagon de commandement du Maréchal Foch. D’après le Général Weygand, le Maréchal Foch a choisi ce lieu parce que : « Maintes fois pendant la guerre, il avait établi dans son train son poste de commandement. C’est à son poste de
commandement que les parlementaires viendraient donc se présenter à lui. La solitude du lieu assurera le calme, le silence, l’isolement, le respect de l’adversaire… ».

L’armistice du 11 novembre 1918 a été précédé de l’armistice du 29 septembre 1918 signé à Thessalonique, de l’armistice du 30 octobre 1918 signé à Moudros et de l’armistice du 3 novembre 1918 signé à la Villa Giusti. Ces trois armistices ont été signés avec la Triple Entente (France, Grande-Bretagne et Etats-Unis) respectivement par la Bulgarie, l’Empire Ottoman et l’Autriche-Hongrie.

Qui a assisté à la négociation de cet accord ? Du côté de la Triple Entente, on retrouve le Maréchal Ferdinand Foch, commandant suprême des forces alliées ; le Général Weygand, chef d’Etat major de Foch ; l’Amiral Wemyss, représentant britannique, ainsi que le Contre-Amiral Hope, adjoint du chef d’Etat-major de la Marine britannique (aussi appelé First Sea Lord). Du côté allemand, on retrouve Matthias Erzberger, représentant du gouvernement allemand, lequel a été assisté par le comte Alfred von Oberndorff, représentant des Affaires étrangères allemandes, et par deux conseillers militaires : le General major Winterfeldt de l’Armée impériale et le Capitaine de vaisseau Vanselow de la Marine impériale.


Cet accord a été signé le 11 novembre 1918 à 5h15 du matin. Sa signature sera suivie d’un cessez-lefeu, le même jour, à 11h. Comme précisé dans le document ci-joint, l’accord est composé de différentes clauses. Parmi les plus importantes, il y a notamment l’obligation faite aux Allemands d’évacuer les pays envahis (Belgique, France, Luxembourg), ce qui signifie la restitution de l’Alsace-Lorraine à la France. L’accord ordonne également le rapatriement immédiat et sans réciprocité de tous les prisonniers de guerre des Alliés et des États-Unis. Le rapatriement des prisonniers de guerre allemands ne sera pas organisé avant la conclusion des préliminaires de paix. Comment la signature de cet accord a-t-elle été accueillie en France ? Elle a fait grand débat. En effet, Raymond Poincaré, alors Président de la République française, et le Général Philippe Pétain auraient préféré profiter de l’avantage militaire français pour chasser les Allemands des territoires occupés voire envahir l’Allemagne. Georges Clémenceau, alors chef du gouvernement, et le Maréchal Foch, pour leur part, « ne croient pas l’armée française capable de se battre encore longtemps et souhaitent en finir au plus vite ».

Pourquoi le 11 novembre fait-il l’objet de commémorations en France ? Il faut savoir que l’édification de monuments dédiés aux morts et l’organisation de fêtes en leur mémoire remontent bien avant la Première Guerre mondiale. En effet, cette coutume est apparue après la guerre franco-allemande de 1870. A partir de cette date, de nombreux monuments à la mémoire des morts ont été édifiés. Aussi, l’inauguration de ces moments étaient l’occasion d’organiser des fêtes civiques, appelées « fêtes de la Revanche ». Cette pratique sera républicanisée par la loi du 4 avril 1873 relative à la conservation des tombes des soldats morts pendant la dernière guerre. Son article premier dispose que : « Les terrains dépendant des cimetières communaux qui servent actuellement à l’inhumation des soldats français ou allemands morts pendant la dernière guerre, et les terrains qui seraient ultérieurement requis dans le même but seront, sur la demande du préfet, cédés à l’État au prix du tarif en vigueur pour les concessions perpétuelles. […] ». Autrement dit, l’État français a acheté des parcelles de cimetières et/ou a exproprié des terrains où se trouvaient des tombes de soldats. En France, toutes les tombes ont ainsi été garnies d’un entourage en fonte selon le modèle imposé par l’État avec une plaque portant la mention « Tombes militaires – Loi du 4 avril 1873 ». Au total, entre 1873 et 1878, l’État français a financé l’aménagement de 87 396 sépultures réparties sur 1 438 communes et 36 départements.

En 1920, il apparaît donc tout aussi naturel de rendre un hommage aux soldats de la Grande Guerre morts pour la France mais non identifiés. Il va sans dire que ce sont majoritairement les anciens combattants qui vont imposer le 11 novembre comme fête nationale. Cette volonté sera tout de même suivie par l’État comme on a pu le voir avec le placement, le 11 novembre 1920, de la dépouille d’un soldat non identifié dans l’une des chapelles de l’Arc de triomphe. Il s’agit du premier hommage au Soldat inconnu. C’est suivant cette même logique que, le 24 octobre 1922, sera adoptée la loi fixant au 11 novembre la commémoration de la victoire et de la paix. Aussi, le 11 novembre 1923, André Maginot, ministre de la Guerre, allumera la première flamme du souvenir. En 1923, on assiste également à l’érection d’un monument aux morts dans chaque commune de France autour duquel chaque municipalité est sommée d’organiser une cérémonie du 11 novembre telle qu’on la connaît aujourd’hui avec un cortège, des associations patriotiques, des enfants des écoles, de la population, de la musique, un dépôt de gerbes etc.

Qu’est devenue la commémoration du 11 novembre ? Cette commémoration sera étendue par la loi du 20 février 2012 qui fait du 11 novembre une journée « de commémoration de la Grande Guerre et de tous les morts pour la France ». En effet, « Prenant en considération les éléments de contexte nouveaux que sont la disparition progressive des témoins directs des conflits mondiaux et la participation d’un public qui n’est plus acteur des faits commémorés, mais aussi la demande de reconnaissance des familles des militaires morts en opération extérieure et de leur hiérarchie, et enfin la nécessité de redonner une plus grande lisibilité aux journées nationales, moyen important de transmission des valeurs de la République, le Président de la République a exprimé le 11 novembre 2011 sa volonté de faire du 11 novembre un jour de mémoire de tous les morts pour la France, tout en maintenant les journées de commémoration propres à chacun des conflits ».
Lors de cette commémoration, le Président de la République suit désormais un rituel classique : il dépose tout d’abord une gerbe tricolore devant la statue de Georges Clémenceau ; puis, il remonte les Champs Elysées en étant escorté par les cavaliers de la Garde Républicaine ; il passe ensuite les troupes en revue sur la place Charles De Gaulle ; enfin, il se recueille sur la tombe du Soldat inconnu désormais située sous l’Arc de triomphe. Dans toutes les communes de France, la commémoration est quant à elle similaire à celles organisées dès les années 1920.

Calypso CHAUSSON

« La politique de commémoration est un vecteur privilégié de transmission des valeurs qu’une nation choisit de mettre en avant et, à ce titre, l’un des piliers du devoir de mémoire. »

Sénat, Projet de loi fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France

REYNARD François, « On déconstruit 5 idées fausses sur l’armistice du 11 novembre 1918 », L’OBS

ACCOYER Bernard, rapport d’information n°1262, « Rassembler la nation autour d’une mémoire partagée », Assemblée nationale, p. 108.

CHOFFAT Axelle, « Armistice 1918 : définition, signature… Tout savoir sur un évènement clé de l’histoire », L’internaute

LARANE André, « 11 novembre 1918, Un armistice met fin à la Grande Guerre », Hérodote

Marcel PINTE, dit « QUINQIN » Maquisard et « mort pour la France » à 6 ans, par Antonin SAMSON, rédacteur du journal MMV Infos

Une figure paternelle inspirante

En 1943, Eugène Pinte, le père de Marcel, est le commandant « Athos », une figure importante de la résistance limousine qui aura à la Libération jusqu’à 1200 combattants sous ses ordres. Les Pinte, Eugène et Paule son épouse, ainsi que leurs cinq enfants, vivent au rythme des réunions clandestines au sein même de la ferme familiale. Dans cette ambiance où vie de famille et résistance sont étroitement mêlées, Marcel, surnommé Quinquin en raison des origines nordistes de la famille, observe, fasciné, désireux de vouloir participer : « Au départ il a dû prendre cela pour un jeu. Mais il a vite compris que c’était risqué » estime Marc Pinte.

« Il comprenait tout »

« Chez les Pinte, il était impossible de dormir la nuit, du fait des mouvements perpétuels de gens, un parachutiste anglais caché dans le grenier, des allers et venues incessantes, des réunions régulières. L’enfant a été naturellement impliqué dans des missions à hauteur de son âge et de ses capacités.   Il a surpris énormément de gens par son étonnante mémoire. Il portait des messages aux chefs de maquis en les cachant sous sa chemise, glanait des renseignements quand il partait à l’école, s’amusait avec une lampe électrique à faire du morse. C’était un garçon malin, intelligent à qui tout le monde faisait confiance, il comprenait tout du premier coup. Naturellement, il passait inaperçu, personne ne faisait attention à un gosse ».

Un malheureux accident

L’événement tragique intervient le 19 août 1944, lorsque des parachutages sont organisés de nuit. A cet instant les résistants sont nombreux à être armés, et Marcel a, comme toujours, suivi sa famille. Malheureusement, un tir de Sten (pistolet mitrailleur réputé sensible), se déclenche accidentellement. Le valeureux Quinquin s’écroule, touché de plusieurs balles.

Le 21 août, quelques heures avant la Libération de Limoges, l’émotion est immense, « il est enterré avec les honneurs en présence de nombreux bataillons. Le cercueil est recouvert d’un drapeau tricolore ». Début septembre, des aviateurs anglais effectuent un dernier parachutage d’armes en utilisant des toiles noires, en hommage à Marcel. 

Eugène Pinte est mort en 1951, à 49 ans, enterré au côté de son fils au cimetière d’Aixe. 

Antonin SAMSON

PIERRE SIMONET, UNE VIE, par Clémence DETHOOR, rédactrice du journal MMV Infos

IL EST NÉ AU VIETNAM, A VÉCU EN FRANCE, A COMBATTU EN ITALIE, EN AFRIQUE ET AU MOYEN-ORIENT. RÉSISTANT DE LA PREMIÈRE HEURE, PIERRE SIMONET NOUS A QUITTÉS CE JEUDI 5 NOVEMBRE 2020.

Soldat des terres et de l’air, il était l’un des trois derniers survivants des compagnons de la Libération. Il n’est qu’adolescent lors qu’il rejoint le Général De Gaulle en juin 1940. Né au plus loin de la métropole française, il en a été un des plus fervents défenseurs. Atterré par la déclaration du Maréchal Pétain le 17juin, il décide de partir pour Londres ; il vient à peine de terminer le lycée et entrait en classe préparatoire de Mathématiques spéciales. Les échecs se multiplient, Bordeaux pour Londres, Tarbes pour l’Espagne, Bayonne pour l’Angleterre… Mais jamais il n’abandonne et son succès se matérialise à Saint-Jean de Luz. Valise en main, sa persévérance au cœur, il atteint Liverpool à bord du Baron Kinnaird à la fin juin 1940. C’est au 1er juillet qu’il rejoint les Forces Françaises Libres.

A défaut d’entrer dans l’aviation – il n’a alors pas le brevet de pilote – il est affecté dans l’Artillerie FFL, alors en cours de création. Sa première mission le 29 août1940, appelée « Menace », consiste à atteindre l’Afrique occidentale française afin de rallier le gouverneur général Boisson à De Gaulle. Malheureusement, les forces Vichystes mettent à mal la FFL et De Gaulle, réticent à l’idée d’un massacre entre Français, renonce à son projet. Simonet et son unité stationnent au Cameroun jusqu’en janvier 1941, et en juin et juillet de la même année, il participe à la campagne de Syrie où il agit en tant que transmetteur et observateur. Il démontre une fois de plus son courage lors de la campagne de Lybie de janvier à juin 1942 : le 16 mars, alors que leurs positions sont durement attaquées et que le capitaine de l’opération a ordre de partir, Simonet ne quitte son poste qu’au dernier moment et, ralenti par ses cinq kilos de matériel et sous une pluie de tirs de mitrailleuses, parvient à récupérer son véhicule chargé de munitions et à rentrer au camp. Le combat de Bir-Hakeim deux mois plus tard lui apporte deux citations et celle d’El Alamein, la victoire éclatante des Alliés. Il n’a alors que 21 ans. De la terre, il s’envole au sein du peloton d’observation aérienne du 1erRA. Son volontariat constant, son abnégation et sa volonté, lui permettront de comptabiliser 137missions et 250 heures de vol. Il fait partie de la campagne d’Italie, voit de ses yeux et participe à la libération de Rome, puis débarque en Provence avant de remonter le sol de sa patrie jusqu’en Alsace. Après cinq autres citations pour ses faits d’armes durant les campagnes de France et d’Italie, il est déclaré compagnon de la Libération le 27décembre 1945. Après la guerre, il est administrateur de la France d’Outre-Mer puis il entre dans la fonction publique en 1958 où il accomplit, au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, une mission dans le bassin du Mékong.

L’ONU l’envoie ensuite en Iran entant que conseiller en statistiques économiques et il achève sa carrière au sein de l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE) puis au Fonds Monétaire International (FMI). Lors des commémorations de l’appel du 18 juin, en 2020, le premier Ministre britannique Boris Johnson nomme Pierre Simonet ainsi que les trois autres derniers compagnons de la Libération (aujourd’hui deux),membres honoraires de l’ordre de l’Empire britannique.

Clémence DETHOOR

Pour plus d’informations:

– Disparition du compagnon de la Libération, Ordre de la Libération.

– Décès de Pierre Simonet, Elysée.

– Décès de Monsieur Pierre Simonet, Compagnon de la Libération, Ministère des Armées.

– Témoignage de Pierre Simonet, un des derniers compagnons de la Libération : « Je me suis révolté immédiatement », Public Sénat.

– L’opération « Menace », Fondation de la France Libre.