
Le « main dans la main » de Verdun, cette cérémonie où le chancelier Kohl et le Président Mitterrand se sont pris par la main devant l’ossuaire de Douaumont le 22 septembre 1984, marque à tout jamais la mémoire partagée franco-allemande. |
Une mémoire dont il est nécessaire de rappeler qu’elle repose visuellement sur les tombes et les cimetières allemands dispersés sur le territoire français. La sauvegarde des tombes est inscrite dans les traités. Le Traité de Francfort signé en 1871 prévoyait l’entretien des tombes allemandes de 1870-1871 en France et celui des tombes françaises en Alsace-Moselle et en Allemagne. Une sorte d’échange équilibré entre les deux nations, la victorieuse et la défaite. Bien différent fut le Traité de Versailles qui place en 1919 l’entretien des tombes allemandes sous la seule responsabilité des vainqueurs que sont les Français. Dès lors, l’association allemande qui est créée en 1919 pour entretenir les tombes allemandes (le VDK) n’aura de cesse que de tenter de prendre la gestion de cimetières que la France entretient si mal. Il faudra attendre 35 ans et la fin d’un second conflit. En 1954, le VDK signe un accord bilatéral avec la France. La France met gratuitement à disposition de la République Fédérale les terrains sur lesquels sont construits les cimetières militaires allemands et le VDK se charge de l’entretien. Neuf années plus tard, le Traité de l’Elysée redonne définitivement l’entière responsabilité de ses cimetières à l’Allemagne. Le temps de la réconciliation par-dessus les tombes peut dès lors commencer. De nombreuses cérémonies franco-allemandes sont organisées jusqu’à l’apothéose de Verdun. Ces initiatives de réconciliation ont enraciné le rapprochement franco-allemand et ont favorisé le développement de l’Europe politique. Les tombes se sont imposées comme les éléments de base de ce rapprochement. La France et l’Allemagne ont donné au monde l’exemple d’une réconciliation réussie. Le modèle mémoriel de la réconciliation franco-allemande est-il reproductible ? Nous le pensons. Le recueillement sur les tombes de ceux qui sont morts dans la même guerre, ennemis et amis, est un moment essentiel de toute réconciliation. Ce moment interviendra nécessairement pour l’Algérie et la France. Pourquoi ne pas l’espérer pour la Russie et l’Ukraine ?. Photo : Le Président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl à Verdun en 1984 Serge BARCELLINI Contrôleur Général des Armées (2s) Président Général de l’association « Le Souvenir Français » |
En partenariat avec LE SOUVENIR FRANCAIS – Patrick Ourceyre Secrétaire Général Exécutif Mémoires du Mont Valérien