
La première
Chers lecteurs, chères lectrices,
Voici la première parution du journal del’association nationale Mémoires du Mont Valérien : le MMV Infos
Nos rédacteurs bénévoles œuvrent pour faire perdurer la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, aucun soldat français mort au front, aucun résistant ni aucun héros de guerre ne sera oublié. A travers ce journal, vous retrouverez les actions de l’association, mais aussi des articles sur les grands résistants, les monuments d’Histoire et bien d’autres. Bonne lecture !

Journées européennes du patrimoine, 19 et 20 septembre 2020 :
Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. p.5
Son auteur, Antonin Samson. p.7
Focus sur…
La Grande Débâcle, ou la déconstruction d’un mythe. p.8
Son auteure, Clémence Dethoor. p.12
Klaus Barbie, ou le boucher de Lyon. p.13
Son auteure, Calypso Chosson. p.20
Portrait de Résistance :
Son auteur, Antonin Samson. p.7
Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. p.5
L’EFFORT DES RÉSISTANTS ET LA SOUFFRANCE DES DÉPORTÉS, UN PATRIMOINE NATIONAL.
Exalter la Résistance lyonnaise, et rappeler les nombreux disparus de la Seconde Guerre mondiale, tels sont les rôles du centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. En 1992 ce musée, inauguré le 8 mai 1967, change de locaux et est symboliquement aménagé dans le bâtiment qui servait de siège à la Gestapo entre les printemps 1943 et 1944, dirigée par le célèbre lieutenant Klaus Barbie. Véritable lieu de mémoire immersif à travers un parcours volontairement oppressant et scandé de reconstitutions visuelles et auditives, le parcours inclut une trentaine de témoignages textuels ou audiovisuels d’anciens résistants et déportés lyonnais.


De grands écriteaux apportent diverses informations contextuelles (approvisionnement alimentaire, sabotages, etc.), ainsi que les évolutions géographiques du conflit, afin d’éclairer au maximum le visiteur sur la vie durant ce conflit achevé il y a 75 ans.
Bien que la cité lyonnaise, capitale de la résistance, soit mise à l’honneur au sein de ce centre d’Histoire, notamment à travers ses figures de proue que sont Jean Moulin ou encore le couple Aubrac, des martyrs et héros de la France entière sont évoqués (Juifs, Tziganes, etc.)
Le Centre d’Histoire de la Déportation et de la Résistance de Lyon se mobilise au quotidien afin de fournir aux visiteurs un lieu ancré dans l’histoire, tout en métamorphosant le lieu fréquemment via la mise en place d’expositions temporaires (Projection des extraits du procès Klaus Barbie, Une étrange défaite Mai-Juin 1940…). Avis à tout amateur, acteur, de la Seconde Guerre mondiale, cette structure risque de vous plaire !
Antonin Samson
Informations liées au site historique :
Accès : 14 Avenue Berthelot, 69007, Lyon (Rhône, France)
Contact : O4.72.73.99.00
Horaires : 10h-18h du Mercredi au Dimanche.
Tarifs : Plein 8€, Réduit 6€, entrée gratuite pour les – de 18 ans, personnes handicapées et leur accompagnateur, bénéficiaires des minimas sociaux et personnes non imposables (sur présentation d’un justificatif).
L’auteur, Antonin Samson

Passionné de la France, de sa culture et de son histoire, j’ai effectué après mon bac, une Licence d’histoire à l’Université d’Angers (49) avant de me tourner naturellement vers le Master Relations Internationales de l’université Jean Moulin Lyon III (69). Amoureux de découverte j’ai eu la chance de pouvoir visiter divers pays (Canada par deux fois, Etats-Unis, Italie, Irlande…), et espère donc réitérer l’expérience notamment durant mon master au sein de la spécialisation « Francophonie et Culture ». A travers cette formation, résolument pluridisciplinaire et tournée vers le monde, j’espère appréhender les capacités nécessaires afin de pouvoir défendre fièrement les valeurs de notre nation au sein des Instituts français ou Alliances françaises à l’étranger, dans le but de développer la culture française et son histoire au sein d’autres pays du monde. Pour le moment je me consacre au sein de l’association nationale « Mémoires du Mont Valérien », en tant que rédacteur du nouveau journal, afin de faire perdurer la mémoire de nos ainés et de nos héros qui ont œuvré vaillamment pour défendre nos couleurs durant la Seconde Guerre Mondiale. Du haut de mes 20 ans, j’estime nécessaire de ne jamais oublier les sacrifices réalisés par grand- nombre de nos ancêtres. De ce fait, j’exprime un grand respect pour tous qu’ils soient acteurs ou spectateurs de ce conflit majeur de notre histoire.
LA GRANDE DEBACLE, OU DECONSTRUCTION D’UN MYTHE
Du 23 septembre 2020 au 23 mars 2021, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon organise une exposition sur la défaite de 1940, ou l’étrange défaite, ayant eu lieu quatre-vingts ans plus tôt.
Longtemps perçue comme inévitable, la défaite française est vue comme une humiliation nationale, le résultat du soldat français débraillé et indiscipliné opposé à la rigueur allemande. Les nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques popularisent ce cliché, notamment la trilogie Mais où est donc passée la septième compagnie ? de Robert Lamoureux, et qui, de manière comique, représente la débâcle française au travers de trois soldats, pures représentations dudit stéréotype.
Dans un souci de rétablissement de la vérité, ou du moins, d’un devoir de nuancement, l’exposition raconte le déroulement de cette étrange défaite aux moyens de textes explicatifs, schémas, anciennes affiches de propagande ou encore extraits de journaux d’époque. Cette défaite était-elle donc inévitable ? En l’occurrence non, et c’est bien ce que cette exposition a cherché à enseigner. Elle commence par asséner un coup de massue sur cette croyance nationale : la France ne disposait pas de l’armement nécessaire, des soldats nécessaires, et en particulier face à une Wehrmacht dont la puissance n’avait eu de cesse d’être signalée. Cependant, le char Somua S-35, char français, était bel et bien le meilleur blindé de la guerre en 1940, malgré une faible production. Les Alliés disposaient de 3 590 000 hommes face aux 3 312 000 de l’Axe et comptaient plus de 3500 mortiers et canons de plus. Bien que les chiffres soient relativement proches les uns des autres, c’est une certitude qu’il n’est pas question de parler de supériorité numérique allemande. Cela amène donc logiquement à penser que la défaite reposait sur une problématique plus inquiétante, à savoir les erreurs de stratégie.
Après la Première Guerre mondiale, la France et son allié la Grande- Bretagne décident de parier sur une stratégie défensive, soucieux de ne pas revivre cette Grande Guerre, supposée être après tout, la « Der des Ders ». C’est ainsi qu’ils prennent partie de fermer les yeux sur une réhabilitation du service militaire du Reich en 1935 et d’une remilitarisation de la Rhénanie un an plus tard. En outre, le pacte germano-soviétique porte un coup sur la politique étrangère. Les futurs Alliés n’ont pas réussi à spéculer sur une telle alliance somme toute improbable : c’est le début de la prise à revers du Reich, et du piège se refermant sur l’occident. Les états-majors sont menés par les grands hommes de 1918, qui misent (à raison) sur une guerre longue comme la précédente. C’est donc là qu’intervient la célèbre ligne Maginot, dont le but était de gagner du temps afin de former les soldats avant les batailles décisives. Cette muraille défensive fait l’objet de propagande, notamment dans les catalogues de Noël 1939, dans lesquels les petits garçons sont enjoints à en construire une sous forme de maquette.
La population est également appelée à acheter des bons d’armement, avec
force de « sauvez votre fils sur le front ». Mais la propagande française n’est pas la seule à travailler. Bien malheureusement, la propagande allemande dispose d’un réseau plus développé, plus efficace, et qui cherche à détruire l’alliance franco-britannique et par du même coup, installer la méfiance parmi les soldats, en attente défensive depuis le début de la guerre. Durant l’opération Dynamo et de sauvetage à Dunkerque, la rancune française envers les britanniques augmente suite à la priorisation des anglais face aux français : « les Anglais se battront jusqu’au dernier Français » annonce la propagande allemande à la radio.
Cette stratégie défensive entraîne la défaite humiliante de la France face à la Blitzkrieg allemande : la propagande allemande continue, insistant sur l’aspect débraillé et indiscipliné du soldat français et les soldats se retrouvent à chercher des moyens pour occuper leurs journées car pas entraînés.

Exode des français, ici vers Montauban, devenue l’une des capitales de l’Exode. Le nombre d’habitants est passé de 29 000 à 45 000 en l’espace du seul mois de juin 1940.
Le pessimisme de la France s’installe peu à peu, et trouve son apogée avec l’Exode, entraînant 8 à 10 millions de personnes sur les routes, fuyant la guerre et ses ravages. Le gouvernement en exil suit sa population, augmentant ainsi les craintes et détresses. Les attaques rapides et violentes du Reich prennent de court la France, le roi Léopold de Belgique se rend le 28 mai 1940 ouvrant ainsi la route vers Dunkerque. Quelques dernières divisions tentent tant bien que mal de continuer le combat. Mais l’unité Alliée est déjà affaiblie, l’unité nationale se fracture entre ceux qui se rendent et ceux qui refusent la reddition… Il apparaît très rapidement qu’une victoire n’est possible que dans la coopération et l’union.

« L’homme qui pleure », issu des images filmées par Marcel de Renzis. La photo, devenue symbole de la douleur française, représente le désespoir d’un homme face au défilé des régiments français dissous, quittant Marseille pour Alger.
La défaite était-elle donc inévitable ? Difficile de refaire l’Histoire. Ce qui est certain, c’est qu’il est important de nuancer : la Grande Débâcle est due à de multiples facteurs qui ajoutés, ont mené à juin 1940. L’aveuglement général sur la puissance émergente du Reich, la propagande française ne faisant pas le poids face à celle allemande, la Guerre éclair prenant la France de court, la confiance franco-britannique s’étiolant au fil des mois… La raison n’en n’est pas une, elle repose sur plusieurs éléments stratégiques, moraux, et psychologiques qui, additionnés, ont signé les prémices des heures sombres de la France.
Clémence DETHOOR
L’auteure, Clémence Dethoor

Toulousaine anciennement étudiante de licence d’anglais et d’histoire, je suis actuellement en master Relations Internationales à l’université Lyon III. Je suis passionnée d’histoire, mais particulièrement par l’étude de la Seconde Guerre mondiale, expliquant mon intérêt évident envers l’association « Mémoires du Mont Valérien ». Très curieuse, j’ai toujours eu envie de partir découvrir l’étranger pour mes études. C’est ce que j’ai pu faire en 2018 pour un ERASMUS de 10 mois en Irlande. Cela a confirmé ma passion pour l’international, mais m’a également permis de comprendre que j’étais très attachée à mes racines françaises, ce qui m’a amenée à choisir le parcours Francophonie et Relations Internationales pour ma deuxième année en master. Il m’a été naturel de me diriger vers le pôle rédaction de l’association, car mon amour pour la lecture depuis plus de dix ans désormais m’a indéniablement conduite à l’écriture de plusieurs histoires, qui est devenu un de mes passe-temps favoris. Outre l’aspect rédactionnel, c’est le côté recherches qui m’a attirée. En effet, en tant que passionnée de généalogie, j’ai pu mener tout un travail de différentes enquêtes sur ma famille. Le fait que mon arrière-grand-père ait combattu durant les deux guerres mondiales mais qu’il ait également été résistant, m’a fait prendre conscience combien nombres de personnes comme lui ont été malheureusement oubliées des mémoires. C’est ici l’une de mes motivations principales, de pouvoir mettre en lumière les oubliés de l’Histoire afin que chacun prenne conscience de la multitude d’acteurs qui ont joué un rôle essentiel durant cette période historique
KLAUS BARBIE OU LE « BOUCHER DE LYON » ?

Nikolaus Barbie, plus connu sous le nom de Klaus Barbie, est né le 25 octobre 1913 à Bad Godesberg en Allemagne. C’est après avoir obtenu son Abitur (équivalent du baccalauréat français) en 1933 qu’il adhère aux Hitlerjugend ou Jeunesses hitlériennes. Ce n’est que deux ans plus tard, en 1935, qu’il intègre la Schutzstaffel que l’on désigne aujourd’hui plus communément par le sigle SS. Il s’agit d’une « organisation paramilitaire et policière nazie fondée en 1925 pour assurer la protection personnelle d’Adolf Hitler ».
Il suivra de nombreuses formations au cours de sa carrière militaire, ce qui luipermettra de gravir les échelons avec une vitesse surprenante et une détermination inébranlable. Il sera ainsi promu SS-Unterstrumführer (sous- lieutenant SS) le 20 avril 1940 à l’âge de 27 ans.
Dans le cadre de ces fonctions militaires, Klaus Barbie va être amené à voyager dans différents pays ravagés par la guerre. Dans un premier temps, il sera envoyé aux Pays-Bas après l’invasion du pays par l’armée allemande en 1940. D’abord à la Haye puis à Amsterdam, son rôle consistait à poursuivre et rafler les juifs, les francs-maçons ainsi que les émigrés allemands. Il sera d’ailleurs félicité de son engagement énergétique dans l’assaut du ghetto juif d’Amsterdam ainsi que de son commandement de nombreux pelotons d’exécutions. Pour cela, il sera décoré de la Croix de fer de seconde classe le 20 avril 1941. Il aurait par la suite été envoyé en Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) de l’été 1941 au printemps 1942 pour participer à la lutte contre les partisans. Enfin, il aurait atterri en France grâce à ses bonnes notes et sa connaissance de la langue française.
De Gex à Lyon en passant par Dijon, ses missions sont diverses et variées : enlèvement, surveillance ou encore détection de réseaux clandestins. C’est en février 1943 que Klaus Barbie devient le chef de la Gestapo de la région lyonnaise.
Qu’est–ce que la Gestapo ? Quel rôle a-t-elle joué pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Le terme « Gestapo » est un acronyme pour Geheime Staatspolizei qui signifie littéralement « Police secrète d’Etat ».
Elle a été créée le 26 avril 1933 en Prusse par Hermann Göring, considéré comme le chef suprême de l’aviation et de l’économie de guerre. Occupé par ses postes tant politiques que militaires, Göring cèdera progressivement la responsabilité de la Gestapo à Heinrich Himmler entre 1934 et 1936. A sa création, le pouvoir de la Gestapo était limité territorialement aux frontières de la Prusse. Himmler l’étendit ensuite à l’ensemble du Reich et des territoires occupés par celui-ci, dont la France. L’objectif de cette organisation était de lutter contre tous les adversaires du régime nazi. Elle joua ainsi un rôle déterminant dans l’extermination des Juifs d’Europe et dans la répression de la Résistance française.
Pourquoi Klaus Barbie est-il appelé le « boucher de Lyon » ? Quel rôle a- t-il joué dans l’asservissement de la Résistance lyonnaise ?



Quand Klaus Barbie devient le chef de la Gestapo lyonnaise en 1943, Lyon est alors le point névralgique du mouvement de Résistance française. Grâce à son poste au sein du Sicherheitsdienst, le réseau de renseignement du Reich, il sera formé comme interrogateur dès son entrée dans la SS.
Ainsi, ses actions horrifiantes et inhumaines envers les Juifs mais également envers la Résistance lui vaudront le surnom de « boucher de Lyon ». Et pour cause, « on estime que Klaus Barbie fût responsable de l’exécution ou du meurtre de plus de 4 000 individus, et de la déportation de 7 500 Juifs, dont la plupart périrent à Auschwitz ».
Parmi ses nombreuses victimes, on retient notamment Jean Moulin, chef du Conseil National de la Résistance. Il a été arrêté par Klaus Barbie le 21 juin 1943 puis a été torturé à l’Hôtel Terminus, quartier général de la Gestapo à Lyon. On dit encore aujourd’hui qu’il n’a jamais donné aucun renseignement aux Allemands. C’est pendant son transfert dans une prison allemande qu’il succomba à ses blessures le 8 juillet 1943.
On attribue également à Klaus Barbie la rafle des enfants juifs d’Izieu (Ain), alors âgés de 4 à 17 ans, le 6 avril 1944. Il s’agissait officiellement d’une « colonie » hébergeant des « réfugiés » dans une ferme appartenant à Sabine et Miron Zlatin. Ce jour-là, 44 enfants et 7 éducateurs furent capturés : ils connaitront tous un sort tragique.

En effet, Miron Zlatin et deux des adolescents les plus âgés furent fusillés à Tallin, en Estonie, tandis que les enfants furent déportés à Auschwitz où ils furent gazés presque immédiatement.
Quel fût le sort de Klaus Barbie une fois la guerre finie ?
Klaus Barbie réussit à fuir Lyon, et la France de manière générale, environ un mois avant la libération de la ville par l’armée américaine. Dès 1945, le gouvernement français portera plainte contre lui en s’appuyant sur le motif de crime de guerre. Pendant ce temps-là, il conspirait sous un faux nom avec un groupe composé de Nazis pour la formation d’un nouveau gouvernement en Allemagne. Il réussit néanmoins à s’en sortir indemne en devenant un informateur pour les Etats-Unis entre 1947 et 1951. Son rôle est alors de fournir des renseignements relatifs aux communistes, aussi bien français que soviétiques. Lorsque la France l’apprendra en 1948, le gouvernement adressera immédiatement une demande d’extradition à l’intention de Klaus Barbie, laquelle sera refusée par les américains.
Ce refus américain s’expliquerait aujourd’hui par trois raisons : premièrement, l’aide de Klaus Barbie était précieuse en période de Guerre froide compte tenu de son ancien réseau. Deuxièmement, la France était dans une optique de vengeance et non de justice. Troisièmement, la France aurait été, à cette époque, gangrenée par le communisme.
Sentant le vent tourner, Klaus Barbie fuit en Amérique du Sud en mars 1951. Il y restera jusqu’en 1983 (Pérou puis Bolivie). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il sera jugé par contumace par le Tribunal permanent des forces armées de Lyon, entre 1952 et 1954. Il sera alors condamné à la peine de mort.
La véritable identité de Klaus Barbie ne sera découverte que dans les années 1970 grâce à Serge et Beate Klarsfeld, deux « chasseurs de Nazis», qui identifient Klaus Altmann comme étant Barbie. Pourtant, ce dernier continuera d’être protégé par la Bolivie et, plus officieusement, par les Etats-Unis. Et pour cause, ce dernier aurait été et serait utile aux deux gouvernements du fait de son partage de compétences et de savoirs en matière de traque, de torture mais aussi de renseignements.


Klaus Barbie sera finalement envoyé en France le 5 février 1983. Cependant, son procès ne débutera qu’en mai 1987, dans la douleur des familles de victimes mais aussi des victimes elles-mêmes qui apporteront leurs témoignages cinglants sur les atrocités que le boucher de Lyon a pu commettre.
En 1983, les crimes de guerre pour lesquels Klaus Barbie avait été condamné par contumace sont prescrits. Il a donc été jugé pour crimes contre l’humanité.
crimes contre l’humanité
L’incrimination de « crime contre l’Humanité » a été créée par le Tribunal de Nuremberg en 1945. Il a été ensuite rendue imprescriptible en 1965.

Quatre faits sont retenus par l’instruction :
1) la rafle de l’Union Générale des Israélites de France le 9 février 1943 ; 2) la rafle des enfants d’Izieu le 6 avril 1944 ; 3) le dernier convoi quittant Lyon pour Auschwitz le 11 août 1944 et 4) les actes d’arrestation, torture et déportation de Juifs ou de résistants pris isolément.
Jacques Vergès, l’avocat de la défense, sait que ce procès est perdu d’avance. Nikolaus Barbie n’aura d’autres arguments que : « c’était la guerre, et la guerre, c’est fini »
En réalité, « le but de ce procès était davantage de donner une occasion réelle aux victimes et à leurs proches de prendre la parole et de témoigner ». C’est le 4 juillet 1987, au terme de 9 semaines de procès, que Nikolaus Barbie sera condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir commis 17 crimes contre l’humanité. Il décèdera en détention le 25 septembre 1991 des suites d’un cancer du sang et de la prostate à l’âge de 77 ans.
Calypso CHOSSON
L’auteure, Calypso CHOSSON

Je suis actuellement étudiante en M1 Relations internationales à l’Université Jean Moulin Lyon 3. Je suis issue de la licence droit – science politique de cette même Université.
Membre de l’Association Mémoires du Mont Valérien depuis septembre 2020, je considère que le devoir de mémoire est fondamental et doit être perpétré auprès des jeunes générations. J’ai la chance d’avoir connu tous mes arrière- grands-parents. Aujourd’hui, seule mon arrière-grand-mère paternelle est encore en vie. Depuis toute petite, elle me raconte des histoires sur sa vie, ses aventures et bien sûr, son expérience de la Seconde Guerre mondiale. Elle n’a pas fait partie de la Résistance à proprement parler mais chaque jour était une bataille de la vie contre la mort. Ce goût pour l’histoire a été renforcée par ma grand-mère maternelle qui, depuis de nombreuses années, est bénévole dans l’association Amis du vieux Saint-Etienne. Cette association joue un rôle important lors des journées du patrimoine et édite une revue trimestrielle qui regorge d’anecdotes historiques. Néanmoins, le déclic s’est produit durant l’été 2020 pendant lequel j’ai eu l’occasion de travailler dans l’aide et l’assistance à domicile auprès de personnes âgées. Ainsi, j’ai pu rencontrer beaucoup de personnes ayant des histoires à raconter sur la Seconde Guerre mondiale : certains étaient résistants, d’autres étaient soldats ou encore famille de résistants et/ou de soldats. Tout cela me fascinait. C’est donc tout naturellement que j’ai voulu faire partie de l’association Mémoires du Mont Valérien. La Résistance fait partie de notre histoire et ne doit pas être oubliée, en particulier par les jeunes générations qui ont tendance à oublier par où la France est passée pour en arriver là où elle en est aujourd’hui.
PORTRAIT DE RESISTANCE : LUCIE ET RAYMOND AUBRAC

Le 27 mars 2000 à Paris, Lucie et Raymond Aubrac, « hautes figures de la Résistance », posant dans les salons de l’Elysée à l’issue d’une cérémonie de décorations
UN COUPLE UNI FACE A L’ENNEMI
La Résistance a compté en son sein de fortes personnalités. Lucie et Raymond Aubrac étaient incontestablement de ceux-là. Mais ils avaient la particularité de former un couple ! Il est notoire, en effet, que beaucoup de réseaux demandaient instamment aux Résistants de laisser les conjoints dans l’ignorance de leurs activités clandestines. La question ne s’est même pas posée pour les Aubrac puisque, dès 1940, ils décidaient ensemble de lutter contre les nazis.
« C’EST UN COUPLE MYTHIQUE, C’EST MEME UN COUPLE DE LEGENDE ».
JEAN-PIERRE BERTRAND
DEUX AMES SŒURS AVEC LES MEMES CONVICTIONS
Née le 29 juin 1912, Lucie Bernard a 17 ans lorsqu’elle réussit le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices du boulevard des Batignolles à Paris. Très vite elle prend conscience de la montée du fascisme en Europe, notamment lorsqu’elle se rend à Berlin en 1936 à l’occasion des Jeux olympiques et découvre la réalité du nazisme.
Tout en militant activement, elle entreprend des études d’histoire et, en 1938, elle est reçue à l’agrégation d’histoire géographie. Lorsque la guerre éclate, elle est en poste à Strasbourg où elle fait la rencontre de Raymond, ingénieur des Ponts et Chaussées, mobilisé comme officier du génie. Les deux âmes sœurs se marient le 14 décembre 1939 à Dijon. Malheureusement leur idylle est vite perturbée par l’apparition de la guerre.
UN ENGAGEMENT PRECOCE DANS LA RESISTANCE
Fin juin 1940, Raymond est fait prisonnier par l’armée allemande. Alors qu’il est détenu à Sarrebourg, Lucie parvient à le faire évader. À l’automne 1940, l’université de Strasbourg est repliée à Clermont-Ferrand où Lucie doit se présenter pour avoir une affectation.
Dans cette ville, elle forme avec Jean Cavaillès, Emmanuel d’Astier de la Vigerie et Georges Zérapha un premier noyau de Résistance, la « dernière colonne » préfiguration du mouvement Libération-Sud. Militante et membre du cercle des dirigeants de Libération-sud, elle s’adonne alors, entre ses cours, à de multiples activités clandestines : en juillet 1941, elle contribue à la parution du premier numéro du journal Libération, elle fabrique des faux papiers et aide des résistants à franchir la ligne de démarcation. En mai de la même année, elle donne naissance à son premier enfant Jean-Pierre.
Le couple se trouve à Lyon depuis 1941, et le 15 mars 1943, Raymond, adjoint au général Delestraint, chef de l’Armée secrète est arrêté par la police de Vichy et incarcéré. Avec un aplomb incroyable, Lucie Aubrac fait pression sur le procureur de la République et parvient à le faire libérer. Étant devenue une spécialiste des évasions, elle organise peu de temps après l’enlèvement par des faux Gestapistes, de trois résistants détenus à l’Hôpital de l’Antiquaille (dont Serge Ravanel) puis de quatre détenus à l’hôpital de Saint-Étienne.
« C’EST LA PREMIERE DIGNITE DE L’HOMME QUE DE SAVOIR RESISTER ».
LUCIE AUBRAC
1943 : L’EPISODE DE CALUIRE
Le 21 juin 1943, c’est l’arrestation à Caluire de Jean Moulin et de plusieurs responsables de la Résistance, dont Raymond Aubrac. Incarcérés au fort Montluc, ils sont interrogés sous la torture par Klaus Barbie. Lucie, enceinte, monte un coup de main audacieux. Le 21 octobre 1943, en plein jour, les armes à la main, à la tête d’un groupe franc des MUR pour qui elle est « Catherine », elle mène l’attaque de la camionnette de la Gestapo dans laquelle sont transférés Raymond Aubrac et une dizaine d’autres résistants. Désormais identifié et recherché par toutes les polices allemandes et vichystes, le couple n’a d’autre choix que de partir à Londres avec leur petit garçon le 8 février 1944. Quatre jours plus tard, elle accouche d’une fille qu’elle prénomme Catherine.
L’APRES-GUERRE : NE JAMAIS OUBLIER

Le couple Aubrac à la sortie de la guerre en 1945
A la libération, en octobre 1945, Lucie Aubrac publie son livre nommé « La résistance (naissance et organisation) », au sein duquel elle minimise ses responsabilités dans Libération-Sud.
Vice-présidente d’honneur de la Fondation de la Résistance, Lucie Aubrac s’éteint le mercredi 14 mars 2007.

Durant la cérémonie d’hommage, Jacques Chirac estime qu’il est nécessaire de « Garder vivante dans nos cœurs la flamme des luttes de la République pour la Liberté ». En 2010, Raymond Aubrac s’exprime au sujet de sa femme disparue : « Nous avons eu une belle vie, et surtout une grande chance, celle de nous être rencontrés. » Et lorsqu’on lui demande qui l’a le plus impressionné, lui qui a connu De Gaulle ou Jean Moulin répond sans hésiter. En un mot : « Lucie ». Le 10 avril 2012, c’est au tour de Raymond de s’éteindre. Les deux amoureux passionnés laisseront derrière eux un grand souvenir, celui de la Résistance.
« LE VERBE RESISTER SE CONJUGUE AU PRESENT ».
RAYMOND AUBRAC
Antonin SAMSON