Les animaux les grands oubliés de la guerre, par Antonin SAMSON, rédacteur de MMV Infos

LE FOX-TERRIER A POIL DUR BEAUTYFUT HONORÉE POUR AVOIR AIDE A LOCALISER LES VICTIMES D’UN RAID AÉRIEN SOUS LES DÉCOMBRES LORSQU’ELLE TRAVAILLAIT AVEC L’ÉQUIPE DE SECOURS DE LA PDSA PENDANT LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE.IL REÇUT LA MÉDAILLE DICKIN LE 12JANVIER 1945

DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE,DES SOLDATS A «QUATRE PATTES» FURENT ENRÔLES DANS DES MISSIONS MILITAIRES. ILS SONT LES GRANDS OUBLIES DE L’HISTOIRE, POURTANT ILS ONT JOUE UN RÔLE ESSENTIEL…

Qu’ont-ils en commun ces chevaux français, ces chiens anglais, ces rennes finlandais, ces dromadaires libyens, ou ces éléphants birmans? Bien malgré eux, ces «soldats à quatre pattes» furent enrôlés de 1939 à 1945 dans de périlleuses missions militaires, en première ligne sous une pluie d’obus ou à l’arrière, comme animaux dévolus au transport des troupes et du matériel.

Les animaux sont partout durant ce conflit majeur de l’Histoire. De la terrasse du Berghof (résidence secondaire d’Hitler) où Hitler prépare l’annexion de la Pologne en compagnie de sa chienne Blondi, en passant par Stalingrad où 51000 chevaux périrent, exténués comme les Hommes par le feu, la faim et le froid glacial. Des lacs finlandais où les rennes et les chiens aidèrent à la guérilla contre les Soviétiques, en allant jusqu’à l’Afrique du Nord où les soldats italiens épuisèrent des dromadaires lestés de 200 litres d’essence. Des plages du débarquement en Normandie et le sacrifice de centaines de moutons utilisés pour faire sauter les mines allemandes, jusqu’à l’Asie et l’utilisation de la force colossale des éléphants afin de dresser des pylônes ou d’aplanir des terrains d’aviation…

Le rôle de nos amis les animaux tend à être de plus en plus reconnu, comme en témoigne la médaille Dickin qui voit le jour en 1943 au Royaume-Uni, destinée à honorer les plus braves des «bêtes de guerre». Jusqu’à la fin du conflit, elle sera décernée pas moins de cinquante-quatre fois. Les héros? Trente-deux pigeons, dix-huit chiens, trois chevaux et un chat. En France, maintenant encore, l’armée de terre recrute, entraine et chouchoute des animaux, soit pour leur utilité directe sur le terrain, soit pour leur statut de mascotte. Au Mont Valérien, à proximité de Paris, il existe encore le plus vieux colombier militaire d’Europe, maintenu essentiellement pour entretenir la tradition. Mais cette «guerre des animaux» en apparence anodine révèle beaucoup de la folie des hommes: à Hiroshima, seuls les cloportes ont survécu.

Antonin SAMSON

Spécial Jeune Lecteur.

Pour agrémanter le texte d’Antonin SAMSON

vous êtes invité à regarder ce dessin animé sur le

chien « STUBBY » un bon moment pour une histoire issue de la réalité de la guerre 14/18.

Stubby

Henri Fertet, entre un destin national et une souffrance familiale, par Clémence Dethoor, rédactrice de MMV Infos

« Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs. » Henri Fertet, prison de la Butte, 26 septembre 1943.

Il avait seize ans lorsque les Allemands lui ont ôté la vie. Né le 27 octobre 1926 à Seloncourt dans le Doubs, Henri Fertet est devenu résistant à partir de 1942. Fils de parents instituteurs à Velotte, quartier de Besançon, il vit une enfance joyeuse. C’est un garçon posé, calme et doux, que la guerre va faire grandir trop vite.

Larnod, village proche de Besançon, été 1942.

Une nouvelle recrue s’ajoute au mouvement de Résistance que mène le jeune Marcel Simon, 21 ans. C’est Henri Fertet, âgé lui, de 15 ans. Un de plus dans ce réseau composé uniquement de jeunes d’une vingtaine d’années, si ce n’est moins, et dont le rôle se concentrait principalement dans le recueillement d’armes qu’ils cachaient ensuite dans l’église du village. Des jeunes, qui refusaient la défaite française. Comme le soulignera plus tard en 1980 la mère de l’un d’entre eux : « Il fallait bien faire quelque chose… On ne pouvait rien leur dire, rien. Ils étaient résistants dans l’âme. »

Henri est un passionné : passionné d’histoire, d’archéologie, de sa terre dont il dessinera plusieurs croquis. De sa France, pour qui il tombera. Un patriotisme dans l’âme, un fervent croyant dans le cœur, une pureté qui force l’admiration, dans une guerre qui pouvait amener tant le meilleur que le pire en chacun d’entre nous.

« Qu’aurais-je fait si je l’avais vécue ? » C’est la question que se pose Jean-Christophe Jacottot, un originaire de Besançon. M. Jacottot connaissait l’histoire de Henri. Son père était élève du père de Henri, et sa tante Mme Monique Verdaux, aujourd’hui décédée, l’élève de Mme Cécile Fertet, la mère de Henri. « J’ai parfois l’impression que le temps s’est arrêté pendant 4 ans. Les gens pour beaucoup, pas tous heureusement, sont devenus sourds et aveugles, comme dans un état de sidération », me dit M. Jacottot. Ce ne fut pas le cas du mouvement de la région de Besançon, qui prendra le nom de Guy Mocquet en 1943 en hommage au jeune résistant communiste homonyme, fusillé deux ans plus tôt. Le mouvement débute par de la récupération d’armes avant d’effectuer des actes plus osés comme les vols de tickets de rationnement, des sabotages -dont celui d’une librairie allemande dans Besançon- ou encore des incendies des fermes de personnes considérées comme étant collaboratrices. Le groupe Guy Mocquet est rejoint en 1943 par le mouvement de Francs-Tireurs et partisans, Marius Vallet. C’est à ce moment-là que le mouvement recrute des jeunes aux alentours de Besançon ; c’est le cas de Henri Fertet. Des Républicains espagnols ayant fui la politique de Franco sont également recrutés, faisant ainsi du mouvement, déjà composé de catholiques et de communistes, un groupe des plus diverses. Le journal « Les Dernières Dépêches » honorait ainsi cet aspect dans le numéro du 17 août 1946 : « [Ils étaient] paysans et citadins, ouvriers et intellectuels, cultivateurs et employés, commerçants industriels, journaliers ou propriétaires (…) de la gauche à la droite, mais unis dans un désir commun d’une France laborieuse et de Français heureux. »

Leur première action massive s’illustre dans la destruction d’une écluse sur le Canal du Rhône au Rhin, en septembre 1942. Les Allemands, qui utilisaient ce canal pour les ravitaillements et qui faisaient descendre leurs vedettes jusqu’en Méditerranée, furent bloqués durant sept semaines.

Henri, désormais connu sous le matricule Emile-702, devient chef d’équipe. Trois faits d’armes peuvent lui être associés, notamment la récupération de munitions et d’explosifs le 15 avril 1943 au Fort de Montfaucon, mais également la destruction d’un pylône électrique à Châteaufarine (quartier de Besançon) le 7 mai de la même année. L’augmentation d’actions de plus en plus violentes entraîne l’arrestation de plusieurs membres du groupe. Le 12 juin, Henri est chargé avec Marcel Reddet de subtiliser des informations nécessaires à leur libération dans les papiers d’un commissaire des douanes allemandes. Mais la situation dégénère, l’arrivée d’un motocycliste allemand les empêche d’accomplir leur mission et Henri se retrouve contraint de tirer sur le soldat des douanes, le blessant mortellement. Après cette journée, les résistants seront poursuivis inlassablement.

Larnod, 3 juillet 1943, 3h30 du matin.

Des voitures allemandes circulent dans les rues de Larnod. L’église s’illumine dans la nuit : le dépôt d’armes a été découvert. Les minutes, les secondes sont comptées. Certains résistants parviennent à s’échapper ; ils rejoindront d’autres groupes de la Résistance. Henri est arrêté chez lui et sa famille, dans l’école de Velotte, et est emmené à la prison de la Butte.

Le maire de Besançon, le préfet, les personnalités vont interférer en faveur des vingt-trois jeunes résistants capturés. La mère d’un des résistants ayant parvenu à s’échapper avoue avec fatalisme : « Ils avaient toujours pensé qu’ils y arriveraient, mais ça n’a pas réussi. »

De leur cellule, l’écho de l’orchestre d’une brasserie voisine, toujours existante aujourd’hui, représente le seul halo de lumière au cœur de l’obscurité froide de la prison. Dans la dernière lettre qu’il adresse à ses parents, le matin de son exécution, Henri écrit : « Vous ne pouvez savoir ce que j’ai moralement souffert dans ma cellule. » Durant ses 87 jours en prison, il se lie d’amitié avec son voisin de cellule, également étudiant, avec qui il communique inlassablement en dépit du mur qui les sépare et des gardes allemands. Il lui racontera ses actes, mais également ses projets : lui qui voulait auparavant voyager, il décidait de devenir prêtre et de rester auprès de sa chère maman qu’il aimait tant. Il lui demandera de parler de lui à ses parents, tâche à laquelle le voisin de cellule, appelé Dufils, ne faillira pas. Dans une lettre que Dufils écrira à la famille Fertet après sa libération, il y décrit une voix « tantôt douce et calme, tantôt ferme et impérative ». La voix d’un jeune résistant qui vacille entre insouciance et gravité, entre l’enfant et l’adulte. Un jeune homme heureux pour ses compagnons de cellules qui recevaient des colis, alors que lui-même en manquait. Dufils aura essayé de lui faire parvenir de la nourriture au moyen d’une corde tendue entre leurs deux fenêtres, sans succès. Le gardien surprendra Henri et le rouera de coups, sans que le jeune homme ne prononce mot.

Bien avant le procès, c’est ce gardien qui prédit à Henri ces mots fatals : « Tu vas être fusillé. » Il jubile. Le douanier tué par Henri, c’était un de ses amis. Henri lui répond : « Être fusillé, mais j’en suis fier ; j’irai au poteau en chantant, et je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je suis content de mourir, j’ai la conscience en paix. Dieu est avec moi. »

Son procès a lieu le 18 septembre 1943, au tribunal militaire allemand de Besançon, la Feldkommandantur 560. Les preuves sont affichées sur la table, accablantes. Les avocats allemands défendent les résistants en les appelant « terroristes » et « francs-tireurs », induisant ainsi qu’ils avaient agi en dehors des lois de la guerre classique. Les peines tombent : sept partiront dans des camps de concentration, les seize autres feront face au peloton d’exécution. C’est le cas de Henri. Bien que la peine de mort soit interdite en France avant la majorité (21 ans), le juge déclarera : « Cette personne n’a que 16 ans mais sa maturité est telle que le tribunal peut réclamer la peine de mort. » Aux juges qui lui demandent s’il souhaite faire recours en grâce, Henri se lève et clame : « Messieurs les Juges, je n’ai plus rien à vous dire. J’ai fait mon devoir, ma famille et ma patrie peuvent être fières de moi. »

De retour dans sa cellule, il raconte tout de même à Dufils son trouble : un résistant qui avait été sous ses ordres, a essayé de lui reporter toute la responsabilité. Qu’il obéissait seulement parce que Henri le menaçait de lui tirer une balle dans la tête s’il refusait. Henri affirme finalement, « Je lui pardonne tout de même », avant de retourner prier, prenant au creux de ses mains une Vierge qu’il avait façonnée grâce à sa maigre pitance de mie de pain.

Quand il raconte son procès à Dufils, il parvient à plaisanter : « Je me suis bien amusé à regarder le crâne rasé du procureur général. » De son avocat, il le décrit comme « très chic » pour lui avoir donné des morceaux de sucre pour le procès (« Je n’en ai pas eu besoin ») et des livres pour apprendre l’allemand en cas de grâce.

Le Maître Kraehling, après le procès, donne la parole à Marcel Simon. Il écrit dans ses notes : « En termes émouvants, il demanda au Tribunal à être exécuté seul, puisqu’il avait entraîné les jeunes, moins responsables que lui. » Marcel Simon déclare « Mes amis, j’ai été votre chef et je ne vous abandonnerai pas. Le Capitaine doit rester sur son vaisseau quand il sombre ». En racontant cet acte, Henri Fertet sourit à Dufils de derrière le mur : « Le Chef a été sublime. »

Dufils est libéré avec pour mission de transmettre l’histoire de Henri à sa famille. Quant à Henri, le 26 septembre 1943, il dispose de quelques minutes avant son exécution pour écrire une dernière lettre à ses parents. Si peu de temps pour tant de choses à dire. Pour dire à quel point il les aimait, qu’il était enfin arrivé au vrai amour filial, qu’il s’excusait de la douleur que sa mort allait leur procurer, qu’il n’avait pas peur de mourir car il était en paix. Il en profite pour régler ses comptes : il faut rendre le livre du Comte de Monte-Cristo à un camarade ainsi que du tabac à un autre, et Hennemann lui doit un paquet de cigarettes.

Il les rassure, « Mon écriture est peut-être tremblée ; mais c’est parce que j’ai un petit crayon », avant de certifier « Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma Patrie ». Fier, la tête haute, il promet à sa mère qu’il chantera Sambre et Meuse « jusqu’au bout ».

Quatre à quatre, les résistants du groupe Guy Mocquet sont fusillés, un « Vive la France » au bord des lèvres et leur patrie ancrée dans leur âme.

Le lendemain, un soldat allemand entre dans le café du « Au Capitole », démoralisé. Il a assisté en tant que sentinelle aux mises à mort de ces jeunes. La tenancière, Mme Renault, témoigne de ses paroles : « Ce sang, tout ce sang, jamais je n’oublierai cela ! » Il raconte que tous, jusqu’aux derniers, n’ont cessé de chanter la Marseillaise et Sambre et Meuse jusqu’au moment où ils sont tombés.

Le journal « Les Dernières Dépêches » publiera un hommage en 1946 : « Ils vivaient parmi nous, comme nous, mais une flamme héroïque brûlait dans leur cœur, et Français de France, Français de chaque jour, ce n’est qu’à la brisure du sacrifice que leur âme se révéla. »

Les jours suivants, la population bisontine n’hésite pas à déposer des fleurs sur la fosse où sont enterrés les résistants, malgré les interdictions des Allemands. C’est le cas également ensuite sur la tombe de Henri Fertet, dans le quartier de Saint-Ferjeux. Une désobéissance civile que M. Jacottot explique par deux raisons, l’une étant pragmatique et l’autre idéologique. Il connaît bien la ville, le quartier de Saint-Ferjeux était un vrai labyrinthe à l’époque, un dédale : « Un Allemand n’aurait pas pu [y] trouver un bisontin ». Ajouté à cela qu’ils agissaient de nuit, les bisontins se jouaient du règlement. En outre, il leur paraissait impensable d’être arrêtés pour avoir simplement déposé des fleurs sur une tombe. Pour beaucoup, Besançon est une terre de Résistance, une ville d’entraide où le refus de l’injustice est gravé dans leurs gènes. Elle ne se souciait guère des engagements politiques des mouvements de Résistance : le groupe Guy Mocquet était gaulliste, communiste… mais il était surtout, selon M. Jacottot, « une union sacrée de personnes ne voulant pas tomber dans l’asservissement ».

La lettre de Henri Fertet prend une portée nationale. Elle est recopiée par des personnes anonymes, publiée dans la presse clandestine dont « Témoignage Chrétien », qui fut la première, mais également lue à la radio de Londres par Maurice Schumann le 9 décembre 1943. La mémoire nationale est immédiate, et un martyrologe est dressé au nom de Henri, parti si jeune, et, indépendamment de lui, devenu un des symboles de la barbarie nazie.

Un martyrologe qui effleure à peine une famille déchiquetée, brisée par la perte d’un fils. En apprenant l’histoire du jeune résistant, le Général De Gaulle écrit à la famille : « Au moment où sonne pour le pays l’heure glorieuse préparée par les meilleurs de ses fils, la France meurtrie mais victorieuse reporte sur Henri Fertet sa gratitude et sa tendresse, en même temps que sa fierté. » Il remet en 1947 la médaille de l’Ordre de la Libération à M. Fertet. Henri reçoit à titre posthume le grade d’aspirant des Forces Françaises de l’Intérieur, la Croix de Guerre 39-45, la médaille de la Résistance, la Croix du Combattant Volontaire, la médaille de la Déportation et de l’Internement pour faits de Résistance. Il est également nommé Chevalier de la Légion d’Honneur ainsi que Compagnon de la Libération. Tant de titres honorifiques et de reconnaissance nationale qui honorent le sacrifice de Henri Fertet. Mais quels discours, quelle gratitude peuvent aider une famille meurtrie à se reconstruire ?

Cette famille qui ne s’est jamais remise de cette tragédie. Jean-Claude Jacottot, qui a été l’élève de M. Fertet en 1952, me raconte : « Il était toujours dans ses pensées. Usé par la tristesse qui l’accablait depuis la mort de son fils. Il fumait cigarettes sur cigarettes. C’était un brave homme mais il était rongé par le chagrin. (…) [Avec Mme Fertet] ils formaient un couple triste à l’écart des autres. » M. Jacottot et son fils discutent. Le premier en vient à la triste conclusion que M. Fertet devait voir dans les enfants de sa classe son aîné. Le fils de M. Jacottot rajoute à mon égard : « Papa m’a toujours dit qu’il était souvent puni, mal vu, sûrement une façon de dire « Pourquoi es-tu là alors que mon fils, ce héros est parti ? » »

Henri Fertet et sa femme Cécile partent à la retraite en 1955. M. Fertet décède peu de temps après. Pierre, le jeune frère de Henri pour qui il vouait une grande admiration, vit en compagnie du fantôme persistant de son frère aîné. Les mots à son propos écrit par Henri dans sa lettre « Il doit se montrer digne de moi » le poursuivent, lancinants dans son esprit. Seul survivant d’une fratrie de trois garçons, un autre étant décédé avant la guerre, il porte la lourde charge que son frère aîné a déposé sur ses épaules.

Le 3 décembre 1980, le journal « L’Express » intitule un de ses articles : « Besançon : tragique histoire et navrants prolongements ». Au matin, Pierre et sa mère se sont donné la mort dans leur voiture au cœur de la forêt de Chailluz à Besançon. Le journal relate les faits à la fois sordides et poignants, résultats d’une longue et lente agonie, d’une vie hantée par le souvenir d’un fils et d’un frère mort pour la patrie, de seize années soufflées en l’espace d’un instant.

Aujourd’hui, que reste-il de Henri Fertet ? La fille de Pierre et nièce de Henri, Mme Myriam Fertet-Boudriot, a décidé en 2013 de léguer au musée de la Résistance de Besançon toute une valise comportant des documents reliés à Henri : 250 photos, 2 ouvrages, 3 dessins, 11 objets dont son portefeuille, une quarantaine de pièces d’archives… Un trésor inestimable pour assurer la pérennité du sacrifice du jeune résistant. Sa lettre, traversant les décennies, est régulièrement lue par les étudiants et lors de la célébration du 75ème anniversaire du Débarquement, le président Emmanuel Macron remet en lumière les phrases rédigées par Henri avant sa dernière marche vers le peloton d’exécution. Des rues, des écoles, des lycées portent son nom, amenant chaque bisontin, selon M. Jacottot, à se demander qui est ce jeune Henri, mort à l’âge de 16 ans. Afin de faire connaître son histoire au plus grand nombre, celui-ci effectue des discours d’hommage lors de commémorations. Il ajoute : « Ce qui m’intéresse c’est ce qu’il reste dans la tête des gens. (…) Il faut témoigner afin de ne pas oublier le sacrifice de certains pour la liberté de tous. Un nom inscrit quelque part, si vous n’avez pas l’histoire derrière, ça ne sert pas à grand-chose. »

Témoigner, raconter l’histoire de Henri Fertet, ce jeune homme dont le souhait était celui « d’une France libre et des Français heureux, (…) une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. », une grandeur d’âme qui refusait le bandeau et les attaches, mais un enfant qui avait encore tant d’années devant lui.

« C’est dur quand même de mourir. »

Clémence Dethoor

Mes plus sincères remerciements à M. Jean-Claude JACOTTOT et son fils M. Jean-Christophe JACOTTOT qui ont tous les deux accepté de témoigner et d’éclaircir l’histoire de Henri Fertet.

« Nos belles couleurs flottent sur la cathédrale de Strasbourg » LIBERATION de STRASBOURG les 22 et 23 novembre 1944

“Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la Cathédrale de Strasbourg !”

La flèche de cette Cathédrale devint un phare qui brilla dans l’âme de chacun de ces hommes, riches de fois et de volonté tenace.

Le 23 novembre, le serment de Koufra était tenu :

Le drapeau français flottait sur la flèche de la Cathédrale. Strasbourg était libéré.

Leclerc de Hautecloque

Le renseignement : un allié indispensable pour gagner

Le Général De Gaulle, à la demande de Sir Winston Churchill et avec  à l’Intelligence Service met sur pied un réseau de renseignements composé d’hommes de la France libre

Le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) à partir du 1er septembre 1942 est donc le service de renseignement et d’actions clandestines de la France libre. Il sera fusionné avec les services de l’Armée en Algérie en 1943 au sein de la direction générale des services spéciaux (DGSS). En firent parti les réseaux du Colonel Remy :

La Confrérie Notre-Dame (CND), par la suite appelée CND-Castille qui était un réseau de renseignements français validé en 1940 par le colonel Rémy, envoyé par Londres pour connaître la véracité des renseignements que le réseau constitué par Louis de La Bardonnie leur fournissait.  Il s’agit d’un réseau de renseignements rallié à la France libre, c’est l’un des premiers réseaux du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), cité ci-dessus. Ce réseau français libre est sans doute l’un des plus importants réseaux de renseignements militaires de la Résistance avec le réseau Alliance. Il est aussi l’un des tout premiers créés en France, validé par un agent de premier plan, Gilbert Renault dit « Raymond » (plus tard « Rémy »). Le Colonel Rémy envoyé vers la métropole dès l’été 40 par le 2e Bureau de la France Libre donnera à l’organisation le nom de Confrérie Notre-Dame afin de la placer sous la protection de la Vierge.

De son côté, le réseau Alliance était aussi l’un des plus actifs réseaux de renseignement de la Résistance, avec la Confrérie Notre-Dame et, comptant jusqu’à 3 000 membres, le plus important des réseaux travaillant avec l’Intelligence Service britannique (IS ou MI6) sur le territoire français. Le réseau dénombre au total 438 morts sur plus de 1 000 arrestations. Chaque membre, pour préserver son identité, se vit désigner un matricule en accord avec l’IS. Puis, pour rendre plus pratique la communication entre les différentes parties, les dirigeants du réseau adoptèrent des surnoms ou pseudonymes rappelant des noms d’animaux. C’est pourquoi la police allemande lui a attribué le nom original d’Arche de Noé. Toutefois, certains groupes, agglomérés au réseau, gardèrent des pseudonymes de métier. Le colonel Édouard Kauffmann « criquet » (appelé pour la cause « manitou ») créa un service de défense armée « les Apaches » dont les membres portèrent des noms d’indiens ou de tribus indiennes.

(Extraits wikipédia) Patrick Ourceyre

PIERRE SIMONET, UNE VIE, par Clémence DETHOOR, rédactrice du journal MMV Infos

IL EST NÉ AU VIETNAM, A VÉCU EN FRANCE, A COMBATTU EN ITALIE, EN AFRIQUE ET AU MOYEN-ORIENT. RÉSISTANT DE LA PREMIÈRE HEURE, PIERRE SIMONET NOUS A QUITTÉS CE JEUDI 5 NOVEMBRE 2020.

Soldat des terres et de l’air, il était l’un des trois derniers survivants des compagnons de la Libération. Il n’est qu’adolescent lors qu’il rejoint le Général De Gaulle en juin 1940. Né au plus loin de la métropole française, il en a été un des plus fervents défenseurs. Atterré par la déclaration du Maréchal Pétain le 17juin, il décide de partir pour Londres ; il vient à peine de terminer le lycée et entrait en classe préparatoire de Mathématiques spéciales. Les échecs se multiplient, Bordeaux pour Londres, Tarbes pour l’Espagne, Bayonne pour l’Angleterre… Mais jamais il n’abandonne et son succès se matérialise à Saint-Jean de Luz. Valise en main, sa persévérance au cœur, il atteint Liverpool à bord du Baron Kinnaird à la fin juin 1940. C’est au 1er juillet qu’il rejoint les Forces Françaises Libres.

A défaut d’entrer dans l’aviation – il n’a alors pas le brevet de pilote – il est affecté dans l’Artillerie FFL, alors en cours de création. Sa première mission le 29 août1940, appelée « Menace », consiste à atteindre l’Afrique occidentale française afin de rallier le gouverneur général Boisson à De Gaulle. Malheureusement, les forces Vichystes mettent à mal la FFL et De Gaulle, réticent à l’idée d’un massacre entre Français, renonce à son projet. Simonet et son unité stationnent au Cameroun jusqu’en janvier 1941, et en juin et juillet de la même année, il participe à la campagne de Syrie où il agit en tant que transmetteur et observateur. Il démontre une fois de plus son courage lors de la campagne de Lybie de janvier à juin 1942 : le 16 mars, alors que leurs positions sont durement attaquées et que le capitaine de l’opération a ordre de partir, Simonet ne quitte son poste qu’au dernier moment et, ralenti par ses cinq kilos de matériel et sous une pluie de tirs de mitrailleuses, parvient à récupérer son véhicule chargé de munitions et à rentrer au camp. Le combat de Bir-Hakeim deux mois plus tard lui apporte deux citations et celle d’El Alamein, la victoire éclatante des Alliés. Il n’a alors que 21 ans. De la terre, il s’envole au sein du peloton d’observation aérienne du 1erRA. Son volontariat constant, son abnégation et sa volonté, lui permettront de comptabiliser 137missions et 250 heures de vol. Il fait partie de la campagne d’Italie, voit de ses yeux et participe à la libération de Rome, puis débarque en Provence avant de remonter le sol de sa patrie jusqu’en Alsace. Après cinq autres citations pour ses faits d’armes durant les campagnes de France et d’Italie, il est déclaré compagnon de la Libération le 27décembre 1945. Après la guerre, il est administrateur de la France d’Outre-Mer puis il entre dans la fonction publique en 1958 où il accomplit, au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, une mission dans le bassin du Mékong.

L’ONU l’envoie ensuite en Iran entant que conseiller en statistiques économiques et il achève sa carrière au sein de l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE) puis au Fonds Monétaire International (FMI). Lors des commémorations de l’appel du 18 juin, en 2020, le premier Ministre britannique Boris Johnson nomme Pierre Simonet ainsi que les trois autres derniers compagnons de la Libération (aujourd’hui deux),membres honoraires de l’ordre de l’Empire britannique.

Clémence DETHOOR

Pour plus d’informations:

– Disparition du compagnon de la Libération, Ordre de la Libération.

– Décès de Pierre Simonet, Elysée.

– Décès de Monsieur Pierre Simonet, Compagnon de la Libération, Ministère des Armées.

– Témoignage de Pierre Simonet, un des derniers compagnons de la Libération : « Je me suis révolté immédiatement », Public Sénat.

– L’opération « Menace », Fondation de la France Libre.

ADIEU MON GENERAL

Le 9 novembre 1970 « un chêne est tombé à terre » (dessin de jacques Faizant) j’avais 27 ans et n’avais pas encore toute l’admiration que j’éprouve maintenant pour votre rôle historique.

Vous êtes et resterez parmi les plus grands hommes d’état du 20 -ème siècle avec votre allié et ami Sir Winston Churchill.

Etant trop jeune lors de votre prise de position face à l’ennemi, ce n’est que plus tard que j’ai été en mesure de comprendre et d’apprécier votre vision et vos actions pour la grandeur de la France.

Votre courage face à beaucoup d’hostilité, venant même de nos alliés, ne peut que faire et amplifier notre admiration pour vous.

La France, notre grand et beau pays vous doit tant.

Vous avez toujours su faire face à l’adversité, votre courage et votre ténacité ont eu raison de très nombreux obstacles.

Grâce à vous nous avons :

La chance pour de nombreuses générations de vivre dans un pays libre, ayant retrouvé toute sa grandeur sous votre Présidence.

La chance de pouvoir continuer et faire perdurer les commémorations au Mémorial de la France Combattante en l’honneur des tous ceux qui avec ou sans uniforme ont donné leur vie pour notre pays.

La chance de dire et redire aux jeunes générations que la flamme de la résistance ne s’éteindra jamais.

La chance de continuer à défendre les valeurs de notre république.

La chance d’être fier de nos couleurs.

 Pour tout cela, merci mon Général.

Patrick OURCEYRE

Secrétaire général exécutif des Mémoires du Mont-Valérien

Saint-Denis le saint patron des porte-Drapeaux

Histoire et Protocole

L’histoire date du milieu du IIIe siècle. Plus précisément un 10 octobre. Le moment en question est plus une légende qu’une histoire. Mais ce jour marque la Saint-Denis.

Denis est alors l’évêque de Paris. Il est envoyé, avec six autres religieux, pour évangéliser les Gaulois encore sous domination romaine. Il est victime de persécutions et est décapité sur la butte Montmartre. Après avoir eu la tête coupée, Denis se relève, met celle-ci sous son bras et se dirige vers le Nord.

Il marche six kilomètres puis s’arrête à l’endroit où il a choisi d’être enterré. Son choix se porte alors sur ce que l’on appelle aujourd’hui la ville de Saint-Denis (93). Sa basilique devient la nécropole royale et portera son nom. Ce récit reste un symbole fort et important de notre histoire.

Mais Saint-Denis a une autre particularité, celle d’être le Saint patron des porte-drapeaux.

Pour nous, représentants de l’Association des « Mémoires du Mont Valérien » des Hauts de France, le porte-drapeau prend tout son sens. Il nous unit et nous emmène vers l’avenir.

En effet, pendant la guerre du Moyen Age, l’étendard de Saint-Denis appartenait au Roi de France. Il aurait été créé à l’origine par l’Abbé Suger comme une « oriflamme » C’était un moyen d’unir les différents membres de la famille royale mais aussi de rassembler, ce qui pouvait à l’époque sembler épars, le royaume derrière ce symbole.

Le rôle de porte-drapeau dans ce contexte historique devient donc un élément fort du protocole à savoir « rassembler et unir » derrière cet étendard une unité, des troupes… vers un objectif commun et une histoire d’hommes qui est partagée.

Nous avons donc fait le choix de la jeunesse, en ayant un jeune porte drapeau vecteur de nos valeurs.

Quelle est pour lui du haut de ses 15 ans la définition de cette fonction ? « Je suis porte drapeau depuis 4 ans maintenant pour l’association Mémoire et Avenir Citoyen de Saint-leu d’ Esserent (60). Pour moi, être un porte-drapeau, c’était tout d’abord être avec les anciens combattants. Puis, à leurs côtés et grâce au Président de l’association, j’ai découvert beaucoup plus. J’ai compris le sens du respect et des valeurs. J’ai compris ce que c’était de porter dignement un drapeau qui représentait tout : une histoire, de la souffrance, de l’espoir et la victoire d’un groupe d’Hommes qui se sont battus avec fierté pour la liberté.

Tout en restant dans ma première association, j’ai décidé de rejoindre l’Association Nationale des Mémoires du Mont valérien depuis cet été, car pour moi qui n’ai pas connu la guerre, je pense qu’être porte drapeau est aujourd’hui synonyme de porteur d’histoire et porteur de mémoire. 

De ce témoignage, nous pensons qu’il « ne faut pas perdre la tête » à l’image de notre Saint patron. L’histoire doit être portée par la jeunesse. Soyons fiers que cette dernière arbore fièrement ce symbole qui nous rassemble.

Auteurs

Stéphane Cérabino

Maxence Bouchez

Jérémy Bouchez

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